Épisode 42: Cousinage

Une pensée pour Stéphane et Frédéric

22 mai

Mercredi, j’ai apporté mon vélo à Nicolet. Après ma visite au CHSLD, je me suis offert une belle ride de 60 km sur le plat (enfin du plat!) dans les terres d’origine de ma mère. Je suis parti par le Grand St-Esprit. Le temps était clair, les terres pimpantes. Je me suis rendu à Ste-Monique où j’ai roulé sur le chemin que ma mère prenait, à pieds ou en carriole, pour se rendre à l’école du village.  J’ai pris ensuite le Petit St-Esprit jusqu’à St-Léonard d’Aston et suis revenu par le rang du Haut de l’Île jusqu’au pont de Ste-Monique pour reprendre finalement le Grand St-Esprit jusqu’à Nicolet. Une belle boucle bien spirituelle…

Au début de ma ride, je suis arrêté chez mes cousins. Ça faisait un boutte. Gabriel m’a montré son vélo de cyclotourisme; on a parlé de ses voyages. Je lui ai rappelé que c’est lui, le premier, qui m’a fait essayer un vélo avec les grandes manettes de vitesses au guidon. J’avais trouvé ça compliqué… Benoît est venu nous rejoindre, on s’est souvenu du « motocross à pédales » que je leur avais donné quand ils étaient petits. On s’est rappelé comment on avait « battu » ce bécik-là. On a ri. Ç’a été agréable. En remontant sur mon Kona, j’ai pensé à d’autres cousins (j’en ai des dizaines des cousins et des cousines), du côté de mon père cette-fois, d’autres grands voyageurs à vélo. Décidément, le vélo s’invite dans mon cousinage…

* * *

En écrivant ce blogue, je pense souvent à vous, mes cousins et mes cousines. Je ne sais pas trop pourquoi. J’imagine que vous êtes touchés, intéressés ou juste curieux par ce que j’écris et ça me suffit. Ça me rassure.

Écrire, c’est un peu donner des nouvelles intimes de soi. C’est se dévoiler impudiquement en sachant et en assumant la présence du pire: l’indifférence. Qui veut des nouvelles d’un étranger? Par chance, cousins, cousines, vous êtes là. Réels ou imaginés, ça n’a pas d’importance. Vous êtes là et on se connaît. On n’est pourtant pas proches. On ne se voit pas souvent. Chacun, chacune à sa vie. Dans son quotidien. Dans son monde. Mais toujours curieux de savoir ce que devient l’autre. Parce que nous sommes unis. Unis par une façon de bouger, une façon de parler, les traits du visage, la couleur des cheveux, la forme des mains, un fond d’être semblable. Unis par les souvenirs, celui de l’autre, enfant, au plus proche de son identité véritable. Unis par une affection partagée pour les parents de l’un et de l’autre. Unis par le réconfort, donné ou reçu, lors de la mort d’un parent. Unis par la conscience toujours vivante de nos origines.  Avec vous, je peux imaginer ne pas être complètement seul prêchant dans mon désert…

J’écris pour vous, cousins, cousines, parce que je sens ma voix résonner plus authentiquement et j’espère, qui sait, vous faire entendre la vôtre avec autant de vérité. J’espère aussi, en étant tel que je suis, agrandir tranquillement, mais sûrement, mon cousinage.

Allez, s’cusez-là!