
11 mars
La première ride au printemps, on se sent comme un veau qui sort dehors pour la première fois. Un rodéo de joie. J’aime sortir très tôt, en mars, les jours où l’asphalte est dégagée. J’aime le feeling de rouler vite dans la lumière éclatante diffusée par la neige encore toute là.
J’emprunte souvent le chemin de la Grande Ligne, le premier tronçon qui monte jusqu’au chemin Courtemanche. C’est une montée d’à peu près 5 km, en faux plat au début, qui culmine à la fin avec deux bosses un peu casse pattes. Je m’en sers souvent pour l’entraînement en début de saison.
Je la monte 2 fois. La première, mollo, pour me réchauffer en poussant un peu, au retour, dans la descente. La deuxième, à fond, pour sept huit minutes qui font mal. J’ai pas de capteur de puissance, d’indicateur de rythme cardiaque, ni rien. Je gère donc au feeling. Par contre, j’ai une intime connaissance du terrain. Je peux, en partant, flirter avec ma limite parce que je sais qu’en face de chez Yvan la pente diminue d’une fraction de pourcentage, assez pour calmer mon cœur quèk secondes et pouvoir reprendre l’assaut jusqu’à la boîte à malle verte avant la trail de 4-roues. Je pousse alors au max sachant très bien que la première bosse, en amont, est moins à pique qu’elle en a l’air et que j’aurai un kilomètre de plat, juste avant, pour reprendre mes forces.
Je reprends donc mon souffle dans ce plat en baissant les dents, mais sans perdre le rythme. Je remonte les pignons ensuite et reviens en vélocité. Je jette d’autres cartouches, tout en essayant de m’en garder juste ce qu’il faut pour le sprint infernal en haut de la deuxième bosse Tout se joue dans ce calcul, ce risque. Si j’ai bien jaugé l’affaire, je peux peut-être battre mon record de la veille.
Je suis concentré, dans l’instant. Ce n’est pas du tourisme, ni de la contemplation. C’est du sport! La colline blanche qui monte vers l’horizon bleu, à gauche, je la connais, elle m’accompagne, mais je ne la regarde pas une seconde.

J’arrive à la première côte, que je passe facile, debout, en enroulant un gros braquet (les buttons, on s’en débarrasse au plus vite!) . Petit plat où je souffle sans trop perdre d’inertie. Puis c’est la dernière bosse plus longue et plus pentue que j’attaque. Un moment difficile à passer. Ça oscille entre laisse donc faire aujourd’hui, t’as déjà assez donné et à la flaque d’eau je me tue jusqu’en haut. Je choisis 80% du temps la deuxième proposition.
Voilà, c’est La montée de la Grande Ligne, un segment Strava dont j’ai encore le KOM (King Of the Montain), avec un temps de 7:32 réalisé le 3 août 2014.
Essayez de battre ça!
