Épisode 18: Mon show du mitan

7 février

Je me suis garroché sur les ailes de poulet dimanche dernier en écoutant le Super Bowl. D’la marde, je lâche! Une après l’autre, pis encore une autre, pis fuck encore une autre. Un régal. Je m’en lichais les doigts et les babines en regardant Shakira et Jennifer Lopez donner d’elle-même dans l’étalement de leur jeunesse conservée.

J’ai pris deux livres avec les ailes. Ça m’a donné un p’tit coup. Une brèche dans le beau coulant des débuts. Un genre de réveil. Pourquoi? Pourquoi se priver pour aller se faire mourir dans un désert d’épinettes rabougries? Pourquoi raconter ça? Pourquoi s’exposer de même pour une affaire banale pis même pas faite encore. Tu t’inventes des histoires mon chum! Tu te fais des accroires!

Je me demande si Shakira et Jennifer doutent parfois?

Pour revenir au spectacle, le plus beau, pour moi, c’était leur fragilité. Une fragilité quasi imperceptible dans ce flot de mouvements toniques et suggestifs. Une fragilité cachée dans ce désir de se montrer en contrôle, assurées. Je les ai admirées jeunes, là sur scène, mais vieilles aussi, potentiellement flasques, ridées et ralenties.

Il est beau le vieillard caché sous l’inquiétude musclée de l’homme de 50 ans. Elle est belle la vieille peau dissimulée sous la détresse botoxée de la femme de 50 ans.

C’est quoi le rapport avec mon trip de vélo? Facile. Je suis Shakira et Jennifer (pareil, pareil). Aussi beau et désespéré, aussi capable et fragile. Ma ride de vélo, l’écriture, les ours, la solitude pis toute, c’est ma diversion, c’est ma danse sexy, un spectacle pour me faire espérer que toute va ben aller. Comme si je savais pas comment ça allait finir. On la connaît la fin de l’histoire! En attendant, on organise des séances pis on invite le monde à venir dans son salon manger des ailes de poulet.