
Un mouvement de rien
Ce matin mes doigts cherchent les douze pieds qu’il me faut
Pour parler autrement des beautés indicibles,
La douleur qu’elles me font et la crainte du faux
Quand viennent les temps des paysages audibles.
C’est un amusement, une idée vaniteuse
Et, s’il faut être honnête, un mouvement de rien
Issu d’un manquement, d’une confiance creuse
Envers un pauvre rêve, celui d’écrire bien.
Dans quelle folie je verse si je pense à Rimbaud,
À ses alexandrins, son passage à la prose;
Pourquoi fais-je l’inverse, me convainc que le beau
Se montre dans sa cage et quand il prend la pose?
Revenons à l’idée d’un cadre différent
Pour dire simplement, sans se prendre la tête,
Que d’une manière ou l’autre, tout au fond de mes rangs,
La nature me déchire et me sort du paraître.
Je deviens moi sans moi, désespérément seul;
C’est l’instant sans un bruit, la lumière amenée,
De mon effacement, de ce repos que veulent
Me sortir les sirènes du besoin d’être aimé.
J’ai dix ans je furète, sur le banc de l’école
Une page abîmée, une rime parfaite,
Sur ma cuisse un Larousse, et cette pensée folle:
Par un mot seul séduire, la maitresse (que vous êtes).
