Épisode 16: L’oreille snapée

28 janvier

Vieux snicks s’a fesse, deux paires de bas de laine à cause d’la sloche, mes écouteurs, mon ipod Nano (boomer!). Empêtré dans mon fil, mon cellulaire qui pogne pas le satellite, mes lunettes qui buent. Ça part mal. Pis j’étais déjà pas de bonne humeur. Y se met à neiger. Des gros flocons mouillés viennent s’effouarer dans ma face. Je commence à courir. Mon bras accroche le fil, ça me snape l’oreille, la pinouche en plastique débarque. Tab…! Je retrouve la pinouche, je ramasse mon fil en tapon pis j’essaye de me calmer. C’est le phoque de Rivard qui joue, le shuffle me le ramène toujours, ça commence à me taper sé nerfs. J’ose pas le skipper, histoire de pas jouer dans le tapon. J’endure. Ça vaut pas la peine de laisser ceux qu’on aime pour aller faire tourner…

Moustaki embarque. Je ne suis jamais seul avec ma solitude. Je le sais ben. La neige s’intensifie. Gorgée. Ouatée. Don’t panic de Cold Play. Je marche. Je me calme. Je reprends la course. La foulée est bonne. Légère. We live in a beautiful world.

Alanis Morissette, Fred Pellerin, Joni Mitchell, Jean Leloup, Tir Le coyote. Un chevreuil, un vrai! Toute est à sa place. C’est la magie du shuffle. Une colline après l’autre à grands pas de géant. Pis la dernière côte avec Alexandre Poulin. Voyage, voyage et ne t’arrête pas. Ça va ben, je pousse. Je donne. Je me sens comme Rocky dans les marches à Philadelphie.

En passant, Vélomag n’a pas vraiment donné de nouvelles. J’ai donc construit un blogue personnel. Demain je commence à publier. Demain, je ne suis plus complètement seul.

C’est Émilie Proulx qui me dépose finalement au sommet. Émilie Proulx avec La lenteur alentour qui me borde le cœur depuis dix ans sans jamais que ça me tanne. Juste un moment surgit comme le mont Orford au loin, plein sud, dans la vaste ouverture de la Grande ligne. Ça y est, ça y est tu perds ton père. Tu perds ton père. Et je braille comme un enfant.

Merci Émilie. Tu n’es pas seule.