
PROLOGUE
Début décembre 2019, mon vieux chum Simon me revient avec un projet de jeunesse: visiter les barrages à la Baie-James. J’ai eu un flash.
–Je monte à vélo, tu viens me rejoindre…
–Ça marche!
C’est pour juillet 2020. J’ai 52 ans, inactif depuis 3 ans, gros et…démobilisé (disons ça comme ça). J’ai eu un flash. C’est devenu un projet, un besoin, une promesse. Voici, en épisodes réguliers, le journal de mon aventure.
ÉPISODE 1: L’ÉLAN
23 décembre
J’ai perdu 8 livres. En marchant. Longtemps. Tous les jours. Dehors. Tapis. Je découvre le tapis. La grosse machine que ma blonde m’interdisait du temps où elle s’entrainait. Tu vas toute la beurrer avec ta sueur! Je m’en foutais, je pédalais dans ma campagne. Je montais des côtes comme un malade. La grande ligne, la montée Gagnon, le chemin Malboeuf. Quelques KOM sur Strava. Jadis. Avant. Là, je marche. Un short, une paire de snicks, embarque su’l tapis, débarque du tapis, rembarque su’l tapis. C’est léger. Je cours même pas, je me ménage. Mon dos. Me stresse, mon dos. La peur #1 (ou #2) du voyage, mon dos.
J’ai hâte qu’il neige pour faire du ski de fond. Sortir su’l perron, mettre mes skis, pis partir dans les pistes autour de chez nous. Je suis chanceux de vivre ici pour ça. Le boutte du boutte, ce serait de me rendre à Ungava en ski de fond. Ben non, c’est juste un fantasme. Un idéal. Beauté. Austérité. Le nord. Le nôôôôrrrd, disait Galabru avec sa grosse voix dans Bienvenue chez les Ch’tis. J’ai toujours été attiré par le nord. Je sais pas pourquoi. Pas encore…
J’embarque s’ul tapis. Écouteurs. Balado. Transmission d’Annie Desrochers. Par hasard. Récit sensible d’un road trip. Une mère et ses fils à la Baie James. Un signe. Ça m’inspire, me motive, m’appelle. La promesse s’affermit. Je me projette sur la route de la Baie James sur mon vélo en juillet 2020. Je me vois. Je vois tout. Tout ce que j’ai à préparer, à penser. D’autres peurs apparaissent. Plein de numéros de peurs. Vertige.