Mardi qui s’en vient, le 31, je terminerai ma troisième année consécutive où, chaque jour, sans en passer un seul, je serai sorti à l’extérieur pour une activité physique en continu d’au moins 44 minutes (pour l’année 2022), 46 minutes (pour l’année 2023) et 48 minutes (pour l’année 2024 -et ça continuera comme ça jusqu’à je ne sais pas quand). En trois ans, cela fait 1096 jours consécutifs d’activités physiques -de la marche, du vélo et du ski de fond principalement- pour plus de 12 000 km en à peu près 1000 heures.
Avec les chiffres, ça se veut un peu de poudre aux yeux. Ce n’est pas si spectaculaire, bien du monde s’active comme ça tous les jours sans le crier sur les toits, sans même trop s’en rendre compte. Et d’autres sortes d’ « exploits » se réalisent à profusion : des paroles ou des pensées positives répétées chaque jour pour soi ou pour les autres, des attitudes ou des gestes affectueux présents sans relâche, un temps d’arrêt bloqué dans l’horaire pour respirer ou méditer, les soins et tâches répétés quotidiennement pour la famille, etc. Si on chiffrait tous ces éléments routiniers, on se féliciterait de nos 1000 bonjours, de nos 10 000 sourires, de nos 100 000 vidages de lave-vaisselle.
N’empêche, ce qui frappe peut-être dans mon affaire, c’est l’extrême régularité. On pourrait appeler ça de la discipline. On pourrait peut-être aussi y voir une certaine forme de… stupidité? On pense à Forest Gump.
Cours Forest!
C’est pour moi un peu les deux. Un désir d’implanter une routine saine et ce jeu, non pas ridicule mais enfantin, d’enfiler les jours et les minutes avec soin; un peu comme lorsque les enfants érigent une tour le plus haut possible en plaçant méticuleusement des blocs les uns après les autres. C’est un amusement qui m’aide à tenir ma résolution.
Mais, à bien y penser, c’est le jeu qui prime. Je m’amuse à « tenir ». C’est un amusement existentiel. Une façon de porter attention aux jours qui se succèdent, à la conscience-même du temps qui passe, à la finitude de la vie. Vivre, c’est un peu « tenir ». L’implantation des bonnes habitudes de vie, dans ce jeu, n’est pas le but, c’est un bonus
La discipline est donc un concept relatif. Elle s’illumine quand on la voit chez l’autre qui réussit une chose qu’on n’arriverait pas à faire, elle se cache en soi sans que nous ayons trop conscience de sa présence; elle peut même se déguiser en vertu, alors qu’elle sert juste à « endurer » le temps qui passe.
Et pour ajouter à cette relativité, on pourrait dire aussi que le concept est à géométrie très variable. À preuve, oui j’aime bien jouer dehors tous les jours, mais changer une lumière peut me prendre des années. La discipline ampoulienne n’est vraiment pas mon fort.
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En voulant écrire sur la discipline, mon but était d’offrir une forme d’encouragement en ces temps de nouvelles résolutions. Je ne suis pas trop sûr d’avoir viser juste. Je vais devoir continuer de me pratiquer. Dans ce domaine-là, aussi, je joue de la discipline.
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Pour finir, deux citations. La première est de ma mère: la discipline est une manifestation d’estime de soi. La deuxième, de mon ami Patrice : l’important, c’est de le faire.